Patricia Le Coat Kreissig : Du principe de plaisir au principe de réalité, l’éthique de Freud

Séminaire été 2020

Du principe de plaisir au principe de réalité, l’éthique de Freud

Au-delà du principe de plaisir

Jenseits des Lustprinzips

En novembre 1920, il y aura donc bientôt 100 ans, Freud rend public un texte tout à fait particulier, qui le travaille depuis un certain temps. Son titre, un peu énigmatique, est : « Jenseits des Lustprinzips » : ce qui peut être traduit de différentes manières :

– De l’autre côté du principe des envies

– Au-delà du principe des jouissances

Mais la traduction officielle est :

Au-delà du principe de plaisir.

Freud le corrige lui-même à plusieurs reprises ce qui témoigne de  l’importance que ce texte a pour lui et pour la suite de ses travaux. Il existe d’ailleurs un premier manuscrit[1] plus court et peu connu qui se trouve à Washington dans les archives universitaires.

La version qui nous sert de référence aujourd’hui est celle que Freud avait donnée à Eitington, la seconde version. Elle a la particularité d’avoir été partiellement écrite et corrigée à la main, et partiellement tapée à la machine, ce qui indique que Freud la donnait à lire et la discutait avant de la publier. Avec ses sept chapitres, elle a un chapitre de plus que la première version. La première et  la deuxième version de  « Jenseits des Lustprinzips » sont globalement identiques à l’exception de ce sixième chapitre qui est entièrement nouveau et rajouté, occupant ainsi la place avant-dernière. Cela témoigne de la manière dont Freud chemine sur le plan de l’éthique à partir de ce texte.

Freud aurait évoqué ce texte  pour la première fois dans une lettre à Ferenczi, en mars 1919.

« Je viens de finir un travail sur la genèse du masochisme. Il porte le titre : Un enfant est battu. Un deuxième, qui porte le titre énigmatique : Au-delà du principe de plaisir, est en train de se mettre en place. »[2] Par la suite il lui confie que l’écriture de « l’Au-delà » l’amuse et qu’il le lui fera taper à la machine. Pourtant, lui confie-t-il, ce texte comporte beaucoup d’éléments assez flous et « enfin ce sera le lecteur qui devra en faire ce qui lui semble juste. Parfois, il n’y a pas d’autre moyen. »[3]

Malheureusement, c’est dans les échanges avec Ferenczi qu’il cherche son inspiration. Et Ferenczi, à cette époque travaille sur les relations de la psychanalyse avec la biologie sexuelle, ce qui influencera considérablement l’écriture du sixième chapitre de la seconde version de « Au-delà du principe de plaisir ».

Les travaux d’Alexander Lipschütz l’orientent et notamment ceux qui s’intéressent aux sécrétions des hormones sexuelles à la puberté  et leurs effets.[4] Lipschütz est élève d’Eugen Steinach, un pionnier de la neuroendocrinologie. Dès 1917 ce dernier était parmi les premiers à effectuer des transplantations de gonades d’un sexe à l’autre, pas seulement chez les mammifères mais aussi auprès de l’être humain. Il observait par la suite le changement du comportement sexuel et des caractères sexuels secondaires, ce qui lui permit de démontrer le rôle des glandes sexuelles sur les caractères sexuels secondaires et les comportements sexuellement orientés. Freud, impressionné et intéressé s’y réfère dans la quatrième édition des « Trois essais sur la théorie sexuelle » mais aussi immédiatement après, dans le sixième chapitre de « Au-delà du principe de plaisir ».

En janvier 1920, Sophie, sa fille, meurt. Deux mois après, Freud écrit à Eitington : « Je travaille sur la psychologie des foules et les pulsions de mort… ». Et un peu plus tard, il lui confie que son manuscrit « Das Jenseits» n’a été écrit qu’à moitié tant que Sophie vivait encore.

Il nomme pour la première fois dans cette lettre, ce qu’il va théoriser quelques mois après : « Die Todestriebe », les pulsions de mort dans cet « Au-delà », le noyau de son travail. Plongé dans le deuil, dans la douleur de la perte,  il nomme et assume ainsi la paternité. Et ce qu’il nomme ainsi la pulsion de mort, devient le champ du nouvel investissement freudien, là où la Chose lui échappe. Cette nomination imaginaire de la relation entre le réel et le symbolique sera à partir de là au cœur de ses travaux.

L’« Au-delà » ainsi nommé Wiederholungszwang puis Pulsion de mort, sans qu’il le sache, ne saura que souligner le Réel, le trou. C’est ce que seul Lacan saura extraire de sa lecture du « Jenseits des Lustprinzips ».

« Der Todestrieb », c’est d’abord un nom, une étiquette collée sur la Chose, ce qui cache ainsi l’ouverture à ce champ radicalement Autre. Mais de ce lieu surgissent pourtant des forces psychiques singulières, que Freud reconnaît et qui, en effet, échappent au principe de plaisir, aux jouissances, tout en étant entourés d’elles.[5] La lecture que Freud fera de son étonnante approche sera rapidement troublée par les concepts naissants des neurosciences et l’intérêt que Freud leur porte. Ceci le détournera d’une voie qui pourtant s’ouvrait à lui : celle qui mène aux lois du langage et de la parole. Mais Freud se rend aveugle et ne peut reconnaître dans cet « Au-delà » le lieu du surgissement du désir, « des Begehrens ». « Das Begehren » est d’ailleurs pour lui un signifiant qui ne saura attirer son attention. Est-ce que c’est cela qui donne à son travail cet aspect flou et inachevé qu’il relève lui-même ?

Pourtant, du champ des « processus psychiques primaires », Freud extrait une force qui pousse inlassablement vers les mêmes expériences déplaisantes et contribuent à la mise en place de résistances psychiques, aux limites de l’analyse mais aussi au traumatisme, à un impossible franchissement du seuil :

L’impossible repérage de Freud par rapport au Réel. Le Réel lui échappe.  L’Autre, feint et induit Freud à croire à l’existence « der Todestriebe », des pulsions de mort.

Je vous propose d’ouvrir ensemble d’abord la première version de « Jenseits des Lustprinzips » dans sa version allemande.

Dès le premier chapitre, Freud annonce sa ferme intention d’aborder, avec ce travail le « terrain le plus sombre et le plus inaccessible de la vie psychique toute entière », et suppose l’existence d’un principe de plaisir à partir de sensations « si essentielles pour nous » telles la « Lust », la jouissance et l’« Unlust », la frustration, son binôme. A ce principe de plaisir, « jouissance », s’opposent d’autres forces, plus dangereuses dont il ne dira guère plus pour l’instant.

L’appareil psychique aurait une tendance à maintenir à un étiage aussi bas que possible la quantité d’excitation qu’il contient. Tout ce qui est susceptible d’augmenter cette quantité, est éprouvé comme une sensation désagréable. Si l’accomplissement du plaisir se révèle impos­sible, voire dangereux, le principe du plaisir s’efface et cède la place au principe de réalité.

Ce principe de réalité se présente comme « une fiction du désir » disait Lacan, une première ébauche du fantasme, un lien entre l’existence du sujet et la perte de la chose. Le principe de réalité est une solution pour Freud, un remplacement, « Ablösung », du principe de plaisir et d’une jouissance sans limites par le fantasme. Il constitue en quelque sorte un garde-fou face à une dimension, que Freud ne saura intégrer dans son travail : une dimension qui abrite l’objet, objet du désir, « des Begehrens ».

Le passage d’un principe à l’autre, Freud  le décrit tel un processus linéaire sans perte ni creux au cours duquel apparaissent quelques sensations de déplaisirs, des frustrations. Freud, sans appui sur la différence entre privation, castration et frustration, organise son travail sur un biais, celui de la plénitude de la relation imaginaire.

Au deuxième chapitre, il noue les névroses de guerre, la névrose traumatique et la répétition.

En observant son petit-fils, Ernst, le fils de Sophie, jouant avec sa bobine, Freud note le « Fort-Da ! », « Parti-Revenu », la verbalisation d’un vécu répétitif portant sur la disparition et la retrouvaille d’un objet aimé, un événement vécu comme étant désagréable, voire traumatique. Ceci aboutit pourtant, constate-t-il, à une sorte de satisfaction à l’égard d’un sentiment d’injustice, voire même de  rancune qui y est associé. Une satisfaction qui constitue une sorte de gain de «  Lust », «  ein Lustgewinn ». Une jouissance rajoutée, un plus de jouir ou bien, une Jouissance Autre ?

A la suite, au troisième chapitre, après une tentative échouée d’établir un lien entre la répétition, l’Œdipe et le transfert, il introduit l’existence d’importants processus psychiques refoulés qui ne sont pas à mettre en lien avec les instances libidinales, et pourtant se trouvent animés par une force qui pousse en avant, « drängend ». Il les isole et les regroupe sous le nom « Wiederholungszwang » la contrainte de répétition, traduite par la pulsion de répétition. C’est une pulsion d’exception, différente de toutes les pulsions jusqu’alors évoquées. Elle échappe à toute imagination et ne se laisse en aucun cas saisir sous sa forme première, authentique ou pure, mais se manifeste voilée, parfois même avec sous un aspect sado-masochiste. La tendance à la répétition des moments de déplaisir est « ursprünglicher », plus enracinée, « elementarer », plus pure et « triebhafter », plus pulsionnelle que celle qui découle du principe de plaisir. Cette pulsion de répétition, « Wiederholungszwang », occupe définitivement une place à part,  celle de l’Au-delà du principe de plaisir, c’est-à-dire de l’Au-delà du principe des jouissances.

Dans son quatrième chapitre, Freud attire notre attention sur la conscience et la mémoire, et aboutit brusquement sur l’évolution des organismes à partir de « vacuoles » excitables.

Ces vacuoles acquièrent petit à petit une sorte d’écorce, une protection définitive contre les excitations. Cela lui confère un espace interne et une face externe. Le lieu premier, interne, dépérit, meurt, devient anorganique, vide.

A ce propos, Lacan disait que « … c’est ici que nous voyons apparaître la fonction éthique de l’érotisme, pour autant que le freudisme n’est qu’une perpétuelle allusion à cette fécondité motrice de l’érotisme dans l’éthique, mais ne la formule pas comme telle. ».[6]

Le cinquième chapitre culmine dans la phrase « Le but ultime de toute vie est la mort … L’état inanimé précède la vie… ». La vie est alors indissociable de la pulsion première qui instaure le principe de répétition et vise le retour à l’état inanimé. Toute la vie pulsionnelle ne sert qu’à l’instauration de la mort, et le moteur de ce système, c’est la répétition. Cette répétition prend appui sur le principe pulsionnel, est à la fois conséquence d’un défaut, d’une faille dans l’appareil psychique et l’expression d’une pulsion authentique et originaire, qui aboutit  – nous dit Freud – dans le néant, dans l’anéantissement de tout fonctionnement, au trou.  L’au-delà, « Das Jenseits » constitue « l’élément le plus sombre des sciences psychologiques. »[7]

Le dernier chapitre de la première version, le sixième qui devient ensuite le septième, dévoile toute l’hésitation de Freud, ses doutes quant à l’aboutissement de ce travail. Les pulsions l’interrogent : « Je pense qu’il est inutile de vouloir m’excuser pour les hésitations et les incertitudes de cette spéculation. Celui qui souhaite saisir la véritable essence de ce travail doit prendre appui sur les manifestations de la pulsion de répétition et lui attribuer sa pleine attention. »[8] Ainsi avoue-t-il avoir échoué dans l’effort d’unir, voire de mettre en harmonie, le principe de plaisir et les pulsions dont il pense qu’elles mènent à la mort et qu’il n’a pas encore nommées. Mais il insiste sur l’importance de la pulsion de répétition comme étant au-delà du principe de plaisir.

Parlons maintenant du chapitre qui est à l’origine de la seconde version. Freud l’a travaillé dans l’après-coup, « Nachträglich ». Il lui donne la place du sixième, donc de l’avant-dernier chapitre de sa nouvelle version. Ce fait historique est d’autant plus important qu’il explique un certain nombre de contradictions par rapport aux chapitres antérieurs.  Des lectures nouvelles philosophiques et scientifiques l’enrichissent.

 « Des considérations développées dans le chapitre précédent [chapitre 5 donc] se dégage la conclusion qu’il existe une opposition tranchée entre les « pulsions du moi » et « les pulsions sexuelles », les premiers tendant vers la mort, les derniers au prolongement de la vie. Or, à beaucoup d’égards, cette conclusion n’est pas de nature à nous satisfaire. » Dit-il en guise d’introduction.

Freud, ici se sépare d’un certain nombre de ses  idées antérieures et introduit enfin les pulsions de mort avec leur corrélatif, les pulsions de vie. Dans un premier temps Freud parle des pulsions de mort au pluriel. Enfin, avec une note en bas de page rajoutée après la parution de la deuxième version, il rassemble les pulsions de mort dans la pulsion de mort qu’il oppose à Eros. La suite devient obscure et complexe, et Freud va chercher un éclairage auprès de biologistes et de scientifiques d’autres disciplines : tels Fliess, Weissmann, Hartmann, Goette, Hering, Lipschütz, Doflein et autres… Il se livre à des tentatives multiples et variées pour donner sens à cette « pulsion de mort », mais dans sa tentative d’atteindre un objet là où la science ne peut l’atteindre, Freud ne se lassera pas de sublimer la chose, de la rater, la vénérer aussi … tout en sachant qu’il y a à cet endroit quelque chose qui ne cesse pas de lui échapper … de ne pas s’écrire.

Les démarches freudiennes face à la Chose, à cette insaisissable chose de l’ordre humaine, s’installent toujours dans une dualité harmonieuse : le « Lustprinzip » cède au « principe de réalité », la pulsion de mort rime avec la pulsion de vie et le titre de son article « Das Jenseits » signifie aussi bien l’autre côté, l’autre face que la dimension céleste. Freud, tel un sujet aveugle, tel Œdipe le regard chu, avance. N’est-ce pas sa tombe (celle d’Œdipe) qui est représentée sur cette amphore qui décore notre programme des journées ?

Lacan se laisse guider par Freud. Mais au moment où Freud parie sur la valeur des sciences, Lacan pose les lois du langage. S1 et S2, deux signifiants radicalement différents ouvrent la chaîne des signifiants et laissent choir dans la faille de l’entre deux signifiants, l’a-chose. Das Ding, l’a-chose échappe de l’Au-delà, du lieu Autre, infiniment ouvert, infiniment voué à cette répétition dont se soutient notre désir. « Das  Begehren », le désir et ses lois, lois du ciel, qui échappent à l’écriture freudienne. Freud sublime. Il sublime en créant la pulsion de mort et les pulsions destructives auxquelles il associera un puissant surmoi, impératif de jouir !

Lacan, dans son séminaire RSI, souligne que ce principe de réalité, la réalité psychique de Freud, fait tenir pour Freud les trois champs : du symbolique, de l’imaginaire et du réel, dans un nœud dont il a déjà toutes les ficelles en main. Mais il crée un nœud à quatre dans lequel R, S et I ne sont liés que par le quatrième, le symptôme, la réalité psychique de Freud.

L’éthique de Freud, permettez-moi de le dire ainsi, pour peu qu’il y en ait une, elle est construite sur le point aveugle de sa théorie. Ceci ne cessait pas de le travailler, c’est sur quoi Lacan insiste quand il énonce que « L’hypothèse de l’Inconscient, Freud le souligne, c’est quelque chose qui, ne peut tenir qu’à supposer… »,  non pas la pulsion de répétition, ni la pulsion de mort mais  « … le Nom-du-Père. Supposer le Nom-du-Père, certes, c’est Dieu. C’est en ça que, la psychanalyse, de réussir, prouve que le Nom-du-Père on peut aussi bien s’en passer. On peut aussi bien s’en passer à condition de s’en servir ».[9]

Il nous invite à s’en servir, non pas du père de la horde, mais du « Nom-du-père », de l’objet de la transmission, objet a, démasquant ainsi un lieu évidé, trou réel creusé par l’ordre langagier, dans le symbolique.

Le rapport de Freud avec ce Réel étant ce qu’il était,  Freud se laissait bercer par le chant du « Erlkönig », celui de sa culture, « le roi des aulnes » avec Goethe, au rythme de la pulsion de vie et de la pulsion de mort. « Der Todestrieb » cachera sa vérité d’un désir sans limites.

Il en animera la suite de ces travaux, sur le Moi, le Ça et surtout le Surmoi, cette puissante injonction à la jouissance ! « Là où le Ça était, le Moi doit advenir » [10] proclame-t-il. Chaque fois qu’il est resté inconscient, l’élément en question doit parvenir à la conscience du Moi.  « Ceci est un travail de civilisation tel l’assèchement du Zuiderzee. ».

C’est alors sur un travail voué à la question portant sur la civilisation, « die Kulturarbeit », sur lequel il va se pencher à partir de l’écriture de ce sixième chapitre, autrement dit dès l’introduction du « Todestrieb » et de sa suite logique « der Destruktionstrieb », les pulsions agressives. Il en il fera surgir – non pas une vacuole vide – mais un sac plein, celui du Moi, du Ça et du Surmoi. Un malaise.

 Un malaise dont Freud nous fait part dans « Malaise dans la civilisation » ou « Malaise dans la culture ».

La culture, ou bien la civilisation, y étant définie par la somme des efforts et des arrangements qui constituent la différence de notre existence, d’avec celle, animale, de nos ancêtres.  A la base des processus actifs de ce malaise se place, – non pas le nom-du-père ou l’objet a, objet du désir- mais la peur de perdre l’amour du père dont se nourrit le surmoi, cette instance vicieuse, qui commande et contrôle le sujet et ses jouissances.

Petit à petit, l’éthique de Freud va épouser les idéaux d’un surmoi culturel, « Kultur-Über-Ich »[11] et culminer dans l’apaisement des relations interhumaines. « Comprenons l’éthique comme étant une tentative thérapeutique, un effort afin d’obtenir du simple fait des lois du Kultur-Über-Ich ce qui ne peut être acquis par la Kulturarbeit » dit alors Freud. Le but consiste dans l’éradication des tendances agressives et destructives de la nature humaine. La plus récente des lois exige l’amour du prochain : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » !

Ainsi l’amour courtois et pourquoi pas «  l’apprivoisement de la jouissance perverse » comme le disait Lacan bénéficient d’une reconnaissance et d’un retentissement éthique authentique ! Pour Freud l’orientation de ses travaux à partir des pulsions sexuelles au profit d’un développement culturel et civique, s’impose à lui. La culpabilité[12] qu’il éprouve à l’égard de son texte « Jenseits des Lustprinzips » et des réactions qu’il suscitait dans le milieu analytique le poussent à prôner une libido déviée de son but initial, autrement dit, un amour partagé parmi un maximum de personnes d’un même cercle culturel, c’est-à-dire l’amour du prochain, exigeant ainsi une réduction maximale des pulsions sexuelles.

Du « Todestrieb » à l’amour du « Nebenmensch », la seule chose dont nous puissions le dire coupable, c’est d’avoir cédé sur son désir.[i]


[1]     Dans « Luzifer-Amor » Zeitschrift zur Geschichte der Psychoanalyse, 26 Jahrgang, Heft 51, 2013.

[2]     Toutes les traductions des textes de Freud sont les miennes et ne correspondent pas forcement à celles officiellement appliquées.

[3]          … woraus der Leser das Richtige machen muss. Man kann ja manchmal nicht anders.

[4]     Lipschütz Alexander, 1919, Die Pubertätsdrüse und ihre Wirkungen. Bern. (Bircher)

[5]     Le mot allemand Lust se laisse traduire par envie, plaisir, volupté, mais aussi par jouissance ce qui me semble ici correspondre.

[6]     Lacan, J : L’Ethique

[7]     Freud,S, 1920, Jenseits des Lustprinzips

[8]     idem

[9]     Lacan le 13 avril 76

[10]   Freud.S,  1936, Neue Folge der Vorlesungen zur Einführung in die Psychoanalyse : « Wo Es war, soll Ich werden. Ihre Absicht ( celle de la psychanalyse) ist ja, das Ich zu stärken, es vom Über-Ich unabhängiger zu machen, sein Wahrnehmungsfeld zu erweitern und seine Organisation auszubauen, so dass es sich neue Stücke des Es aneignen kann » .  

[11]   Freud, S, 1930, Das Unbehagen in der Kultur : „Das Kultur-Über-Ich hat seine Ideale ausgebildet und erhebt seine Forderungen. Unter den letzteren werden die, welche die Beziehungen der Menschen zueinander betreffen, als Ethik zusammengefaßt. Zu allen Zeiten wurde auf diese Ethik der größte Wert gelegt, als ob man gerade von ihr besonders wichtige Leistungen erwartete. Und wirklich wendet sich die Ethik jenem Punkt zu, der als die wundeste Stelle jeder Kultur leicht kenntlich ist. Die Ethik ist also als ein therapeutischer Versuch aufzufassen, als Bemühung, durch ein Gebot des Über-Ichs zu erreichen, was bisher durch sonstige Kulturarbeit nicht zu erreichen war. Wir wissen bereits, es fragt sich hier darum, wie das größte Hindernis der Kultur, die konstitutionelle Neigung der Menschen zur Aggression gegeneinander, wegzuräumen ist, und gerade darum wird uns das wahrscheinlich jüngste der kulturellen Uber-Ich-Gebote besonders interessant, das Gebot: »Liebe deinen Nächsten wie dich selbst.«  In der Neurosenforschung und Neurosentherapie kommen wir dazu, zwei Vorwürfe gegen das Über-Ich des Einzelnen zu erheben: Es kümmert sich in der Strenge seiner Gebote und Verbote zu wenig um das Glück des Ichs, indem es die Widerstände gegen die Befolgung, die Triebstärke des Es und die Schwierigkeiten der realen Umwelt, nicht genügend in Rechnung bringt. Wir sind daher in therapeutischer Absicht sehr oft genötigt, das Über-Ich zu bekämpfen, und bemühen uns, seine Ansprüche zu erniedrigen.“

[12]   Lettre à Eitington en septembre 1922. Dans Les correspondances Freud/Eitington 1906-1939, ed. M. Schröter, Diskord,2004.


[i]