Entre Islam et Occident, « La mère mais-dite-erro(a)née » par Ghislaine Chagourin

Journées « L’unité spirituelle de la Méditerranée est-elle plus forte que le constat de sa diversité ? » (Marseille 2010)

Marseille  – aussi dite porte de l’Orient et plus récemment Métropole Marseille Provence – se révèle un excellent laboratoire des questions d’altérité et  nous éclaire sur le type de lien qui peut exister entre les rives de la Méditerranée [1]. Lien qui aujourd’hui se réduit trop souvent à une frontière séparant Occident et Islam.

La cité phocéenne a été fondée il y a 2600 ans par des représentants de la civilisation grecque polythéiste venus d’Asie Mineure. Issue de ce colonialisme, elle est restée longtemps culturellement grecque, ensuite romaine, puis christianisée avant de redevenir indépendante et provençale pour tardivement être de nouveau colonisée, cette fois par le royaume de France. Ainsi son histoire s’ancre à la fois en Méditerranée, en Provence et en Europe du Nord. Plus récemment elle a endossé un statut de port colonial puis de terre d’immigration post coloniale à dominante pied-noir, maghrébine, africaine puis d’Europe de l’est. Marseille a embrassé au fil de son histoire les positions de colonie et de colonisatrice ce qui l’a rendu longtemps exemplaire en matière de brassage culturel. L’immigré et l’étranger n’y sont pas toujours confondus,  l’histoire de la ville révèle que malgré des épisodes violents, une intégration successive de diverses migrations, notamment italienne, espagnole, corse, arménienne, a fonctionné au point parfois de ne plus noter de différence dès la 3ème génération: « cet effacement de la mémoire identitaire fait aussi partie de l’histoire de la cité » [2] nous dit l’historien Emile Témime.

Cette place de l’Etranger, c’est à partir du mythe fondateur de Marseille – celui  de Gyptis et Protis –  que nous l’avons abordée. Avec l’accord de son père, Gyptis la ligure autochtone choisit Protis Le navigateur grec comme époux afin qu’il fonde le port phocéen. L’Altérité est ainsi symboliquement mise au cœur de l’identité fondatrice [3] de Marseille alors que l’amour pour l’étranger en constitue la composante imaginaire [4] (ce qui serait très chrétien) et le négoce, l’échange maritime y tient lieu de composante réelle [5]. Peut-on lire ce mythe comme une tentative de rendre compte de la nécessité d’en passer par l’Altérité et l’exogamie pour fonder une cité ? Echange d’une femme pour rendre possible l’échange de marchandises ou échanges maritimes devant être vus comme des métonymies de l’échange des femmes ? Au fil de l’histoire de la cité, l’Altérité et la place de l’étranger ont changé de registre. Depuis longtemps, l’Autre maternel tend à y fonctionner comme composante identitaire symbolique [6], la « Bonne mère » est emblématiquement représentée par  la statue géante de Marie tenant l’enfant Jésus, surplombant la ville et la basilique de Notre Dame de la Garde. Aujourd’hui, le ballon de football tient lieu de trait identitaire imaginaire et l’étranger devient souvent un ennemi réel méprisé à expulser. Ce qui se retrouve dans le réel au niveau du découpage urbanistique : division quartiers nord et quartiers sud et cités difficiles même si elles sont incluses dans la ville. Donc érection de frontières et vidage de l’Altérité.

Ce changement de registre de l’Altérité n’a pas été sans effet ; comme ailleurs en Occident,  règne à présent à Marseille une aspiration à une jouissance sans limite[7] que l’intitulé du feuilleton « Plus belle la vie », tourné à Marseille en studio, donne à entendre. On assiste à une véritable « californisation » [8] de Marseille qui attire de plus en plus de nordistes et de touristes venus là pour consommer du soleil. Les linguistes après avoir noté que le Provençal en tant que langue faisait lien social, notent l’évolution d’un «parler marseillais » qui tente en le ratant l’échange de la lettre. « Parler marseillais» dont on peut se demander le lien avec la lingua franca [9] décrite par la chercheuse Jocelyn Dakhlia, qui est une langue véhiculaire composite (à l’instar des pidgins), qui était parlée autrefois, depuis le Moyen Âge jusqu’au XIXe siècle, dans l’ensemble du bassin méditerranéen, principalement par les marins et les marchands, mais aussi par les bagnards, prisonniers, esclaves et populations déplacées de toutes origines.

Du coup le lien social est plus fraternel que social, il produit de l’étranger au lieu de l’intégrer et au niveau de la sexuation, dans les cités, le « mia » et la « sœur » ont remplacé le « cacou » et la « cagole », cette dernière étant devenue…une marque de boisson alcoolisée…. Enfin, quand l’idéal « footballistique » tient lieu d’index phallique  s’il crée de la fraternité, il peut aussi devenir synonyme d’indiscipline, d’incivilité et de violence. Violence qui n’est pas comparable à celle des célèbres mafias d’antan car elle n’a plus de règles ni de code d’honneur, elle est souvent meurtrière gratuitement, à l’aveugle et raciste. Ce qui n’est pas sans rappeler certaines caractéristiques des banlieues de nos grandes métropoles européennes quand elles fonctionnent comme lieux d’exclusion et de stigmatisation. Sauf qu’ici, la ville, comme « étrangère » [10], fonctionne depuis longtemps comme une banlieue « difficile » vis à vis de Paris.

Cette évolution n’est pas l’apanage du brassage culturel marseillais, elle est comparable à ce qui peut se produire aujourd’hui au niveau individuel quand il y a passage du père à la mère, d’un index phallique (le Un) supporté par du symbolique à un index phallique problématique car référé à un trait identitaire imaginaire ou à de l’Autre maternel comme incarnation du phallus. Ce qui renvoie à une culture matriarcale au sens où Charles Melman [11] l’entend c’est-à-dire faisant référence à des modalités de transmission imaginaire du phallus dans lesquelles la mère exerce un pouvoir réel. Nous avons tenté de distinguer un matriarcat qui s’ordonne autour du Nom du Père et une culture  matriarcale qui se passe tout court du père comme dans la Nouvelle Economie Psychique. Nous avons aussi tenté de voir si à Marseille, il s’agit uniquement d’une culture matriarcale non référée au Nom du Père.

Si à Marseille, il n’y a pas moins de violence au jour le jour, il y a peut-être moins de violence que dans d’autres villes d’Europe ou dans certaines banlieues lors des grandes crises nationales ou internationales impliquant, lesdits rapports entre Islam et Occident. Il semble qu’à Marseille, le brassage culturel permanent et continu ait de longtemps brouillé les lois de la filiation et de la transmission et favorisé l’idée fausse selon laquelle le père est étranger, ce qui peut être perçu comme cause de sa déchéance et qui renvoie à une approche freudienne du père.

De nombreux fervents marseillais (il faut faire la différence entre se dire marseillais et habiter Marseille) se revendiquent comme des enfants d’immigrés (avec cette idée qu’immigré = étranger), mais devenir marseillais provoque souvent chez eux l’idée que la France c’est l’étranger. Ce fort sentiment d’appartenance, qui exclut l’Un comme autre étranger, serait d’ailleurs à lire comme un avatar de l’Altérité. Faute de l’amour d’un père Un repéré comme tel,  il est tentant de se tourner vers la « Bonne Mère » incarnation phallique imaginaire qui les aime contrairement à la « mère patrie» qui n’admet qu’Un père.  Or, en aucun cas, la mère ne peut assurer la fonction paternelle symbolique car elle ne peut pas être le père réel, c’est-à-dire celui qui est la cause réelle de son absence, celui qui occupe la place de « l’Autrui » [12] selon les termes de J.P. Lebrun, c’est-à-dire celui qui la fait femme. Ainsi, avec ce type de matriarcat, avec ce culte de la « Bonne Mère », la question d’une femme en tant que désirante peut devenir problématique et mener à un matriarcat pur. Il peut y avoir vidage de la sexualité et de la féminité ce qu’on retrouve dans la clinique auprès des populations issues de diverses cultures méditerranéennes monothéistes et notamment maghrébines. Le brassage culturel serait-il un contexte qui « pousserait au matriarcat » car la question de l’Autre y serait masquée par celle du père comme étranger ? Mais ce « pousse au matriarcat » n’est-il pas justement au cœur des trois monothéismes ? Ce qui nous a amené à étudier de plus près comment les monothéismes articulent patriarcat, matriarcat et féminité en nous appuyant sur les travaux de Fethi Benslama [13].

– Il rappelle que le patriarcat est référé au monothéisme originaire juif puis chrétien, celui de la foi d’Abraham, qui est la croyance en un Père-Originaire Unique (« Urvater » [14], disait Freud).  Dans cette écriture, Abraham ou Joseph sont les pères de la réalité mais seulement comme représentants du Père-Originaire ce qui limite leur pouvoir.

– Selon lui,  «l’Islam provient de l’étrangère à l’origine du monothéisme (Agar), demeurée étrangère dans l’Islam » [15]Ainsi, si le monothéisme judéo-chrétien met en place le patriarcat, le monothéisme musulman nous dit quelque chose du féminin et de son désaveu. C’est à travers l’histoire de la famille Abrahamique qu’il avance que le signifiant originaire de l’Islam c’est l’altérité féminine, l’ouvert à travers la figure d’Agar (devenue Hagar une fois mère). Elle est la mère réelle d’Ismaël, premier fils d’Abraham, mais c’est Sarah la mère symbolique, mère adoptive de droit car femme légitime d’Abraham. C’est ainsi Sarah qui fait d’Abraham un père en faisant acte de castration symbolique en renonçant à la position de génitrice. Hagar c’est l’Autre féminin, l’autre femme, celle qui enfante pour Sarah. Toujours selon lui, la filiation d’Ismaël est une filiation de la race, c’est le don du possible de la paternité par le pas-tout phallique d’Hagar. Il rappelle que l’Islam exclut Dieu de la logique de la paternité et s’articule généalogiquement à Abraham par son fils Ismaël qui sera considéré comme l’ancêtre éponyme des 12 tribus arabes de Transjordanie et du Nord de l’Arabie. Il y aurait avec l’Islam, réappropriation du Père-Originaire par la figure d’Abraham et désaveu d’Hagar c’est-à-dire du pas-tout phallique. Il précise que le patriarcat issu de l’Islam ne fait pas de séparation entre la logique de la naissance qui inclut dans une famille et celle de la politique qui inclut dans une tribu, une communauté sociale.

Cette logique d’inclusion dans une famille et une communauté c’est ce que j’entends dire à nombre de jeunes français d’origine maghrébine qui la découvrent quand ils partent en vacances dans le pays d’origine de leurs parents ou grands-parents. Ils arrivent au bled, comme ils disent, qui se révèle encore souvent être une grande famille régie par la loi des ancêtres. Ce qui fait sans doute qu’avec l’Islam la communauté sociale d’appartenance participe du Nom du Père. Ce qui n’est pas sans poser problème car de ce côté ci de la méditerranée de nombreux musulmans d’origine maghrébine n’ont plus ce support de la communauté sociale des ancêtres; ni en France – où ils sont encore trop souvent stigmatisés comme immigrés – ni au bled où ils sont aussi souvent considérés comme des étrangers. Ce qui, semble t-il, peut contribuer à saper l’assise symbolique du Nom du Père. En comparaison, les Comoriens musulmans à Marseille maintiennent une organisation sous la forme d’associations du village d’origine qui tente encore de remplir cette fonction. Par ailleurs, ceux-ci considèrent Marseille comme la capitale des Comores ce qui contribue à une grande solidarité sociale et la sexualité est traditionnellement moins désavouée chez les femmes comoriennes bien que toutefois dans la clinique on retrouve de nombreuses femmes élevant seules leurs enfants.

Pour revenir au patriarcat, F. Benslama dit que « le père symbolique pour le judaïsme et le christianisme est le père réel pour l’Islam » [16]c’est-à-dire que dans le judaïsme et le christianisme, c’est Dieu le père symbolique alors que dans l’Islam, c’est Abraham. Mais dans tous les cas, il ne faut pas confondre père de la réalité et père réel ou père imaginaire. Sur le plan clinique cette possible confusion m’a évoqué ces pères musulmans qui sont considérés en France comme maltraitants ou tyrans, à qui sont retirés les enfants alors qu’à leurs yeux ils ne font que ce qui est attendu d’un père et qu’ils tentent d’éviter que leurs enfants deviennent délinquants.

En tout cas, ces différences de patriarcats dans les trois monothéismes, nous permet de repérer qu’ils sont étroitement intriqués dans leur genèse et fondement à la question du féminin. Du père symbolique ne peut émerger que si l’altérité féminine est reconnue, assumée comme telle et non déniée ou désavouée : « c’est une fonction structurale du féminin à l’origine qui conditionne l’instauration généalogique du père » [17]En d’autres termes pour que l’homme advienne comme père (dans sa dimension symbolique) et remplisse sa fonction paternelle, il faut un autre pôle que celui de la femme ou de la mère phalliques, il faut qu’il désire et soit désiré dans les limites de la loi symbolique. Sans cela, le père aura du mal à s’élever à la fonction de signifiant à travers le Nom du Père. Toutefois, même si à suivre F. Benslama, l’Islam est fondé sur le désaveu du féminin, il faut dire que les trois monothéismes ne reconnaissent une dignité symbolique aux femmes qu’à travers la conception du fils, c’est-à-dire en tant que mères. Cela contribue au maintien de l’idée d’un rapport sexuel entre homme et femme en rendant indistinctes maternité et féminité ce qui structuralement est faux. Une mère n’est pas une femme (pour ses enfants), car elle se soutient d’un phallique même s’il est imaginaire (métonymique), et non symbolique (métaphorique).

Mais cette analyse nous permet d’avancer que l’instauration d’un matriarcat qui ne s’ordonnerait pas au Nom du Père peut résulter d’un vidage de la position féminine Autre, du pas-tout phallique, du fait d’un effondrement de la fonction phallique symbolique par excès du père imaginaire tout puissant. Autre façon de le dire, le patriarcat perd de son efficace à supporter la fonction phallique et « pousse au matriarcat » quand il s’appuie uniquement sur du tout phallique. L’incidence du vidage du pas-tout phallique reste peu évoqué comme cause de l’effondrement de la fonction phallique alors qu’on le retrouve dans la clinique individuelle dans un contexte de brassage culturel et notamment dans la parole de ces mères qui ne font aucune place au désir pour un homme et exercent seules un pouvoir réel sur leurs enfants.

Il semble que le matriarcat méditerranéen que l’on pouvait trouver dans les cultures maghrébines au pays d’origine, était encore articulé au Nom du père par le fonctionnement de la communauté villageoise autour du respect des ancêtres et du traitement religieux et social de la différence des sexes.  En France cela est différent : on trouve cette image d’une femme (mère ?) qui sous couvert d’émancipation féminine est avant tout mère, formant parfois quasiment un couple avec l’un de ses fils, seule en charge de ses enfants sans l’aide de la communauté villageoise ou du père qui même quand il est là, même s’il est très macho, voire tyran (ce qui est loin d’être toujours le cas), n’en est pas moins souvent humilié socialement car immigré et s’il est parfois violent réellement, n’a aucune autorité symbolique sur son fils ou sur sa fille. Cela aboutit à un matriarcat non référé au Nom du Père qui préfigure sans doute ce que l’on retrouve dans la clinique ordinaire aujourd’hui. C’est alors la « mère-mais-dite-erronée », la méditerranée en perdant son petit a rend inopérante l’Altérité. C’est cette mère « erronée » qui contribuerait à créer une frontière entre les rives au lieu de  maintenir une littoralité méditerranéenne moebienne à une face comme effet de l’exogamie et de l’échange. Cela ne serait pas sans lien avec le monothéisme puisque ce matriarcat ne serait qu’un avatar imaginaire du patriarcat qui découle du monothéisme. C’est le désaveu du pas-tout phallique qui favoriserait en partie l’extension d’un matriarcat non référé au Nom du père et l’extinction du patriarcat en Europe et en Occident.

D’après les travaux d’Hélène l’Heuillet, l’Islamisme intégriste et terroriste, qui n’est pas l’Islam, se pose en instrument de critique radicale de l’Occident mais participe d’un modèle maternel qui  mène la jouissance jusqu’au matricide en tant qu’Autre intrusif et tout-puissant sous le  signifiant « l’Amérique ». L’attentat –suicide étant dans cette optique une façon de mettre fin à la séparation avec l’Autre maternel. « Le terrorisme serait la forme prise par la guerre quand le modèle paternel d’autorité s’éclipse au profit d’un modèle maternel. (…) Le terrorisme est une guerre qui fait l’économie de l’Altérité» [18]Hélène l’Heuillet rappelle que l’intégrisme de Ben Laden se veut d’ailleurs une défense de la virilité des musulmans. Il me semble qu’il n’est dans cette logique qu’une forme dévoyée de patriarc(h)at, un forme extrême de lutte contre ce qui serait perçu comme une féminisation de la société occidentale. Je me démarque de F. Benslama quand il analyse que l’Occident tend vers un « Destin identitaire de femme » après être parti du la toute puissance phallique à travers le judaïsme et le christianisme. Il semblerait que plus qu’un « Destin identitaire de femme » pour l’Occident, il s’agirait d’un destin matriarcal qui est pris pour une féminisation dans un amalgame féminité, maternité. [19]

Face au risque du National Socialisme, Freud s’est en son temps collé au démon de l’origine en instituant Moïse en « grand étranger » comme condition de la civilisation. Alors que sans doute il serait plus juste de dire que c’est la mère en tant que femme qui doit se situer comme Etrangère pour rendre le Nom du Père opérant. C’est-à-dire qu’il faudrait que l’exogamie soit effective mais l’est-elle ? Ces échanges commerciaux de tout temps actuellement encouragés par le projet Union pour la Méditerranée n’en seraient que des métonymies, des « avatars » pour utiliser un signifiant à la mode.

Pour revenir à Marseille, où les mamans musulmanes vont parfois faire offrande à Notre Dame de la Garde, contrairement à ce qui se dit, il nous apparaît que Marseille n’est ni toute cosmopolite (qui consisterait à des Uns sans Autre: le tissu social ne se résume pas à la coexistence de diverses « communautés » même si elles sont désignées comme telles) ni toute créole ou métissée (qui consisterait à de l’Autre sans Un) ni toute matriarcale (qui consiste à de l’Autre maternel soutenant l’index phallique: la capacité d’intégration des étrangers existe encore et laisse penser que l’Autre y fonctionne encore) mais alors serait-elle « pas toute » et donc multiple ? Ce qui laisserait la place pour de l’Autre, à du Un mais aussi à de la jouissance Autre. Pour reprendre la formule de Lacan, « se passer du père à condition de s’en servir », pourrait-on dire que les marseillais sauraient se servir de l’Autre – ce qui est finalement très lacanien – même si parfois, ils ne savent pas se passer du père – ce qui est très freudien !

Notes

[1] Ce texte est le résultat des travaux du cercle de recherche et d’études sur le brassage culturel et la question du phallus à Marseille. Cercle que j’anime depuis 3 ans selon une idée originale d’Edmonde Luttringer. Nous avons travaillé à partir de la clinique et d’après les concepts freudiens, lacaniens et aussi d’après les travaux de Charles Melman sur la question de la fonction paternelle en situation de brassage culturel, sur les effets subjectifs du changement de langue, sur les phénomènes identitaires, sur la question de l’(E)étranger et enfin sur le matriarcat et  la Nouvelle Economie Psychique.

[2] Migrance, histoire des migrations à Marseille, sous la direction d’Emile Témime, Editions Jeanne Laffitte, 2007

[3] En référence au travail de P.-C. Cathelineau dans, L’Autre, l’étranger, l’identité en préparation au colloque de Fez 2008site internet de l’ALI, 20/11/2007

[4] En référence à la conférence de Charles Melman, Les quatre composantes de l’identitéprononcée en 1990 à l’hôpital Bicêtre, site internet de l’ALI

[5] Idem

[6] Dans l’après coup des journées je me dis qu’il existe d’autres lectures de l’identité marseillaise: Celle dans laquelle la « bonne mère » tient lieu de composante réelle, le club de football l’OM de composante symbolique et l’étranger est cet ennemi imaginaire méprisé. Lecture qui rend compte des phénomènes identitaires  locaux. Mais une autre lecture apparaît, celle dans laquelle la  « bonne mère » tient lieu de composante imaginaire alors que le football est en symbolique et l’étranger en réel comme ennemi à expulser. Cette lecture se rapprochant plus d’un matriarcat traditionnel référé au Nom du Père mais n’en constitue pas moins un avatar de l’Altérité.

Ghislaine Chagourin

[7] En référence à Charles Melman, l’Homme sans gravité, jouir à tout prix,Ed. Denoël, Paris, 2002

[8] Expression empruntée à l’historien Alèssi Dell’Umbria, histoire universelle de Marseille – de l’an mil à l’an deux mille, Ed.Agone, Mémoires sociales, 2006

[9] J. Dakhlia, Mémoire des langues, La pensée de midi 2000/3, N° 3, p. 40-44.

[10] Ghislaine Chagourin, De Marseille « l’E(é)trangère » à Marseille-Provence capitale européenne de la culture en 2013article paru sur le site de l’Association lacanienne internationale

[11] Charles Melman, L’Homme sans gravité, jouir à tout prix, Ed. Denoël, Paris, 2002

[12] Mot emprunté à Jean-Pierre Lebrun dans la perversion ordinaire,vivre ensemble sans autrui, Ed. Denoël, 2007

[13] Fethi Benslama, La psychanalyse à l’épreuve de l’Islam, Champs Flammarion,  Paris, 2002

[14] Sigmund Freud, L’homme Moïse et la religion  monothéiste, folio essais, Gallimard, Paris, 1939, 1986 

[15] Fethi Benslama, La psychanalyse à l’épreuve de l’Islam, Champs Flammarion,  Paris, 2002

[16] Fethi Benslama, La psychanalyse à l’épreuve de l’Islam, Champs Flammarion,  Paris, 2002

[17] Idem

[18] Hélène L’Heuillet, Aux sources du terrorisme, de la petite guerre aux attentats-suicides, p. 114-115, Fayard, 2009

[19] Cf. ce que Charles Melman a pu écrire au sujet de Ségolène Royale