la question du père réel

Suite aux échanges des cartels sur le séminaire de la relation d’objet, Edmonde Luttringer nous fait le plaisir de partager ses recherches bibliographiques sur la question du père réel. Vous trouverez ci-dessous quelques articles disponibles sur internet :

Le sinthome, leçon IV du 13 Janvier 1976 par Mireille Lacanal-Carlier

 

Lacan dans cette leçon insiste sur le réel. C’est le fil qu’il nous donne à suivre.fil pour nous guider à travers le corps et l’écriture, le corps comme écriture, la lettre «  a letter, a litter » pour arriver à la question « Qu’est ce qui opère dans la cure ? »

 

7 décembre 1921 , 7 rue de l’Odéon, Jacques Lacan, il n’a que 20 ans assiste chez Adrienne Monnier à une lecture d’Ulysse par nul autre que James Joyce., Ainsi l’Irlandais ne quittera plus Lacan.

 

Lacan commence donc  la leçon en posant la question  « Qu’est ce que le savoir faire ? »

Il ébauche une réponse en disant que c’est l’art, l’artifice, ce qui donne à l’art dont on est capable une valeur remarquable « .Remarquable en quoi, puisqu’il n’y a pas d’Autre de l’Autre pour opérer le Jugement dernier » (fresque de Michel Ange peinte entre 1536 et 1541 alors qu’il avait une soixantaine d’année dans la chapelle Sixtine à Rome. Une des figures en bas à droite serait une représentation de lui-même qui enlève sa vieille peau) Pas de complétude à attendre.

Une limite est posée à la jouissance Quelque chose dont nous ne pouvons jouir.

Le sinthome comme nous le verrons sous-entend un savoir faire, un talent, quelque chose que le sujet a et propose.

 

Lacan prend appui dans ce séminaire sur le savoir faire de Joyce pour illustrer  ce point de rebroussement du symptôme au sinthome dans une création artistique.

Il nous propose comme paradigme le sinthome de Joyce.

« Joyce a orienté son art comme symptôme.

L’ics forme une consistance de nature langagière. Dans son œuvre c’est l‘embrouille des nœuds qui se trouvent faire le tissu, le texte essentiel de ce qu’il nous apporte ». Lacan 24 janvier 1976 Centre universitaire de Nice

Lacan fait l’hypothèse d’une suppléance au Nom du Père par un travail par rapport à l’art de la lettre qui s’appuie sur la vie et l’œuvre de Joyce.

 

Symptôme et sinthome

 

Philippe Julien dans Du symptôme au sinthome article cairn info nous informe que

le mot symptôme est né en 1495 dans la langue française en traduction du latin médical symptoma, pour signifier une co-incidence (cum incidere), c’est-à-dire ce qui « tombe ensemble » : telle maladie et tel signe pour le médecin.

Or le dico d’un certain  Bloch et von Wartburg nous dit que ce nom là s’écrivait « sinthome » qui vient du grec « suntithémi » qui veut dire  «  mettre ensemble. »

Equivocité homophonique

On voit donc là ce qui « tombe » du symptôme et ce qui se rassemble du sinthome.

 

Lacan a définit le symptôme de plusieurs façons : comme une métaphore, comme ce qui vient du réel, comme ce qui ne va pas et à la fin de son enseignement, comme un fait de structure dont la nécessité doit être interrogée.

A partir de 1953 Lacan fait valoir que le symptôme analytique est soutenu par une structure de langage, par des signifiants et par des lettres qui en sont les éléments matériels.

Le symptôme névrotique est l’équivalent d’une parole enclose à entendre et à déchiffrer. Lacan y voit à l’œuvre le mécanisme de la métaphore : la substitution du signifiant d’un trauma sexuel à un élément de la chaîne signifiante actuelle fixe le symptôme et produit son sens…..

Avec le nœud à quatre ronds, c’est la fonction du symptôme qui est précisé. La réalité psychique qui détermine avec Freud la formation du symptôme organisée par le complexe d’Œdipe ; cette réalité, Lacan l’a dit religieuse parce que fondée sur la croyance que le père est le castrateur, alors que ce sont les lois du langage qui imposent à renoncer à être ou à avoir le phallus. Le symptôme apparait comme ce qui maintient avec le Père un lien qui soutient l’identification et la jouissance sexuelle : le rond du symptôme dit aussi « rond du Nom du Père » permet de nouer RSI.

Pour Lacan le symptôme est la façon dont chacun jouit de son inconscient.

Dictionnaire international de la psy. Article de Valentin Nusinovici.

 

A partir de RSI (73-74) Lacan va donc montrer un nœud, un autre nœud, un nœud à quatre éléments. Le quart élément est compensatoire ; il a fonction de suppléance, dans la mesure où le nœud à trois ne tient pas de lui-même. Telle est la fonction du sinthome comme quart élément.

Le sinthome est réel c’est ce à quoi veut  arriver Lacan. Le sinthome comme réel et non comme « manifestations/formation » de l’Ics.

Le sinthome produit un tout autre abord du symptôme qui n’est plus forcément ce qui doit être réduit par l’interprétation. Lacan en vient à formuler le travail de l’analyse comme  produisant « un savoir y faire » avec son symptôme.

Et pour Lacan Joyce n’a pas un sinthome il est le sinthome. Il est ce quart élément de part son ego. Celui-ci à fonction  réparatrice grâce à l’art de Joyce. Cela lui permet de se faire un nom.

Il nous propose le sinthome de Joyce dans la mesure où il illustre par son écriture l’effet de l’usage du sens au point limite du hors sens, le sinthome donc inanalysable. Joyce est pour lui celui qui « sait y faire » avec son symptôme.

 

« l’ics c’est la face du réel…c’est la face du réel dont on est empêtré.

L’analyse ne consiste pas à ce qu’on soit libéré de ses sinthomes, l’analyse consiste à ce  qu’on sache pourquoi on est empêtré. » Le moment de conclure 10/01/78 Lacan

« Cela se produit du fait qu’il y a le symbolique. Le symbolique c’est le langage : on apprend à parler, ça laisse des traces,, ça laisse des traces et de ce fait ça laisse des conséquences qui ne sont rien que le « sinthome » et l’analyse consiste à rendre compte pourquoi on a ces « sinthomes » de sorte que l’analyse est lié au savoir »

Un savoir qui ne s’acquiert qu’à travers la perplexité.

Et Joyce l’illustre dans sa littérature par son opération de hachage de la langue, de brisure, de dislocation, de déchirure. Il dégage ainsi la langue de tout usage de communication et même de tout effet de littérature. Joyce arrive à être illisible.

Il laisse une œuvre qui pose mille énigmes pouvant entretenir les universitaires  pour de longues années. C’était d’ailleurs son souhait.

L e symptôme serait la non acceptation de la castration symbolique du père, alors que le sinthome serait de l’ordre d’une création de la part du sujet, comme dans Joyce, qui avec son art vidait de sens ce qui s’imposait à lui comme symptôme ( Hiltenbrand La clinique du réel)

 

Les vérités premières : le ronron des vérités premières : dieu et le jugement dernier. Les vérités premières qui sont une connaissance trompeuse.

Peut-on sortir du ronron des habitudes qui nous endorment ?

Ce ronron serait celui des religions qui induisent une manière de penser. Ce serait le ronron d’un Dieu créateur, du rapport du créateur à sa créature. Dans la perspective chrétienne nous parlons d’un dieu –père. C’est de cette religion dont Freud en la traitant d’illusion essayer de nous débarrasser.

L’idée de Dieu voir la croyance soutient la fonction et le sens du symptôme névrotique.

La psychanalyse peut-elle nous sortir de ce ronron ?

« Le ronron c’est la jouissance du chat »  ( La troisième Lacan 31/10/74)) Pour ne pas ronronner servons-nous des ronds de ficelle, de la topologie.

 

Le Nom du père est la forme laïque de cette présence dans la doctrine psy, de nos attaches à ce fond religieux.

Lacan va alors chercher à élaborer un nœud pour support des vérités premières. Le nœud ce qui supporte notre consistance .Et il pointe ici la différence entre une chaîne et un nœud ( le nœud se déduit de la chaîne).La chaîne est  au-delà  de 2.(Marie PierreBossy nous faisait remarquer que pourtant nous disons noeud.) D’ailleurs Lacan  p83, fin de la leçon  pose la question s’il n’y a pas abus à dire :

« faire un nœud avec ce que j’appellerai une chaî-neoud »

 

Il revient sur les vérités premières et nous amène à ce qu’on appelle la pensée. La pensée est liée à l’acte sexuel, elle gravite autour de cet acte. Cet acte qui de par sa nature implique une polarité actif-passif ce qui déjà engage dans un faux-sens. C’est ce qu’on appelle la connaissance

Mais la connaissance est trompeuse car l’actif c’est ce que nous connaissons mais comme nous faisons un effort pour connaître nous nous imaginons que nous sommes actif.. La pensée nous imaginons qu’elle est active . La connaissance participe du fantasme d’une inscription au lien sexuel.

En effet le sexuel ne fonde en rien quelque rapport qu’il soit. Il n’y a de rapport sexuel que sinthomatique

Le phallus n’appartient à aucun sexe, c’est ce qui circule entre, ce qui fait coupure. On ne peut saisir ce qui fait rapport, il n’y adonc pas de rapport. La fonction phallique c’est l’entre deux, le vide qui fait distinguer les choses.

« C’est en ça que consiste la pensée, que des mots introduisent dans le corps quelques représentations imbéciles » Lacan La troisième

Le sens se loge dans l’imaginaire. La pensée introduit des mots qui nous « rengorge », qui nous dégorge, que nous vomissons, ce qui va nous donner à vomir une vérité de plus.

« Vous vous imaginez que la pensée c’est ça,… se tient dans la cervelle…Moi je suis sûr …que ça se tient dans les peauciers du front….Enfin, si vous pouvez penser avec les peauciers du front, vous pouvez aussi penser avec les pieds » La troisième

Les pieds qui eux permettent de se mettre en marche. Ils permettent de faire un pas de côté.

 

Ainsi si la connaissance est trompeuse il nous faut repartir du début, de l’opacité sexuelle. Opacité car du sexuel ne fonde en rien quelque rapport que se soit. Et de nous rappeler qu’il n’y a de responsabilité dans le sens de réponse à côté que sexuelle. On est responsable que de notre position sexuelle .p 70 « On impute à Dieu ce qui est affaire de l’artiste » L’Autre de l’Autre c’est-à-dire impossible ce serait cela l’artifice ?

L’artiste est responsable au sens où c’est sa réponse c’est-à-dire son symptôme par rapport au fait qu’il n’y a pas de rapport sexuel.  Comment l’homme peut-il  être créateur si dieu l’est ? J. RUFF institut du champ freudien

« L’homme et non pas Dieu est un composé trinitaire » Lacan séminaire XXIII

 

Il revient sur la notion de Réel, distincte du symbolique et de l’imaginaire. Un Réel qui ne se fonde, n’existe qu’à en exclure le sens.

Le réel se fonde n’existe qu’à en exclure le sens.

 

Et il prend la consistance comme la forme la plus dépourvue de sens et qui pourtant s’imagine. Il n’y a de consistance que du nouage de RSI ( nœud c’est lier, relier, lire : c’est ce qui fait consistance).

La consistance c’est ce qui tient ensemble et c’est symbolisé par la surface ce qui nous donne l’idée du sac. Et de prendre l’exemple du corps qui se présente comme peau retenant dans son sac un tas d’organe et c’est comme ça que nous le sentons. Le corps comme amas de pièces détachées. C’est cette consistance qui nous montre la corde. Une corde comme résidu de la consistance et  qui exclut le nœud. Ainsi dans une corde le nœud est tout ce qui ex-iste à l’élément corde.

« Un nœud donc ça peut se faire » p 72 Le sinthome

 

Qu’est ce qu’un fait ? Il n’y a de fait que d’artifice car il n’y a de fait que du fait que le parlêtre le dise.

Il nous amène sur la voie de l’imagination. Le parlêtre parce qu’il parle ment et par là instaure dans la reconnaissance de faux faits. Et de revenir sur le corps qui est la seule consistance du sujet parlant et qui entretient avec son corps un rapport  d’adoration, un rapport imaginaire ( Je le pense donc j’essuie p72) imaginaire. Pour Lacan « Je suis où je ne pense pas » cad « Je suis où je n’articule pas, où je ne produis pas de sens ». Quand je pense, quand j’articule du sens je ne suis pas.

C’est le sexuel dit il qui ment la dedans à trop s’en raconter.

Mais finalement le seul concret que nous connaissons c’est toujours l’adoration sexuelle qui conduit à la méprise autrement dit au mépris même quand il adore un autre corps c’est le même mépris –véritable puisqu’il s’agit de vérité. (qui  elle ne peut être que mi-dite)

 

Alors qu’est ce que la vérité, qu’est ce que dire le vrai sur le vrai ? : suivre à la trace le réel qui ne consiste et qui n’existe que dans le nœud.

Mais ne nous hâtons pas et faisons comme si nous avions trouvé (« Je ne cherche pas je trouve » Picasso) Et pour cela Lacan repart de l’hystérie et sur la réalité de ce qu’il en est du rapport sexuel.

La tache de l’hystérique est de faire exister l’homme en l’incarnant, car il n’est pas question de laisser cette place vide. La douleur mal située de l’hystérique cherche dans son corps un lieu d’inscription.

Il y a toujours un problème majeur qui est celui de l’hystérique et de son corps, car ce corps lui

ek-siste parce que c’est le lieu de l’Autre

. « Ce lien de son corps est effectivement un lien étrange puisqu’il fonctionne comme un dépotoir, dépotoir de cet objet immonde qui est l’objet a, cause du désir de son partenaire » Melman  Problèmes posés à la psychanalyse

En tant qu’elle est – l’hystérique- la dernière réalité perceptible (husteron voulant dire « dernier » en  grec) pour nous rappeler que Freud n’a pu poser la question qui le taraudait «  Que veut la femme ?

(avec le sinthome il ne s’agira plus de résoudre l’énigme de la jouissance)

W w d W        Was will das Weib ,

Pour Lacan l’erreur de Freud c’est d’avoir pensé das weib au lieu de ein weib (une femme)

WweW

On ne peut pas parler de « La femme » qui n’ek-siste pas, une femme, pas toute.

« Toutes les femmes est un ensemble vide mais en revanche les femmes font série, une par une  Et si ça ek siste c’est donc du réel. Mais c’en est la consistance donc imaginaire du Réel. (Marie Charlotte Cadeau commentaire de RSI leçon du 21/01/1975)

L’énigme pour l’Homme c’est que la jouissance féminine n’est pas toute réglée par la loi de la castration. La jouissance féminine est hors langage, au-delà du phallus.

Cet excès de jouissance que la loi de la castration échoue à régler un symptôme peut l’appareiller et donner naissance à un art. Lacan écrit alors ce symptôme sinthome c’est-à-dire coupé du pêché.

«  sinthome » « sin » pêché.  «  Lacan fait le lien avec le pêché originel, la 1ère faute, de la doctrine chrétienne. Dans l’œuvre de Joyce le pêché en question c’est celui du père. Son père carent à suivi la même chute qu’Adam et Eve, et le sinthome de Joyce, sans la ptoma, sans la chute compense l’erreur de son père (Matinées lacaniennes Tom  Dezell)

 

Le sens en question révèle une énigme. En grec la parole est le radical d’énigme « ainos » « ainigma », en français parole et énigme n’ont aucune parenté. Enigme et réponse aussi énigmatique l’une que l’autre : registre de l’équivoque interprétative.

L’énigme c’est autre chose qu’une simple question. Chez les grecs c’est le Dieu qui prononce l’énigme par la voie de la Phytie : parole obscure qui défie l’entendement.

Ainigma l’énigme vient donc de ainos, parole prophétique. La puissance de l’énigme tient à ceci elle est une parole qui fait signe vers ce qui dépasse toute parole, fait vaciller la frontière du symbolique et du sens. Et au-delà  c’est le réel.

Le névrosé cherche à résoudre l’énigme des symptômes.

Joyce qu’en à lui croit à son sinthome et n’a pas intérêt à leur résolution. Il ne veut pas accepter la dette, l’héritage paternel.

Et Lacan présente cela comme une énigme : E énonciation e énoncé.

L’énigme c’est une énonciation tel qu’on en a pas trouve l’énoncé. L’énoncé se trouve dans la langue dans laquelle l’enfant a reçu ses premiers soins, celle de sa prime enfance, sa lalangue, la langue dans laquelle s’est constitué son symptôme ; ce qui fait retour en tant que lettre en est l’énonciation.

La lettre c’est le signifiant en tant que détaché de sa valeur de signification, détaché du signifié. Ce qui revient comme lettre n’est pas à lire puisque telle qu’elle elle ne nous dit rien du signifiant refoulé.

Lacan avec le travail sur la lettre nous indique que le travail de l’analyse consiste à réduire ce qui fait sens pour le patient, à réduire la lettre à un déchet. Il reprendra l’équivoque de Joyce sur «  a letter, a litter » «  une lettre, une ordure »

Avec ce glissement représentant la transformation de la lettre en déchet, Lacan montre l’usage que l’on peut faire pour aborder et réduire le symptôme dans l’analyse.

( Patricia Dahan La lettre entre savoir et jouissance)

La lettre contient une dimension de réel, elle n’est pas du côté du sens, elle est du côté du hors sens

L’énigme c’est l’art d’entre les lignes (allusion à la corde). et cela à un rapport avec l’écriture. C’est par des petits bouts d’écriture qu’on est entré dans le Réel, qu’on a cessé d’imaginer. L’écriture des petites lettres, des petites lettres mathématiques, c’est qui supporte le réel.p 75

Lacan  nous propose que l’écriture ça devait avoir un lien avec la façon dont nous écrivons le nœud et il fait référence à l’instance de la lettre. En dessinant un S avec une barre pour écrire un noeud. Cela nous rappelle aussi un corps.

La lettre est le support matériel que le discours concret emprunte au langage S/s  signifiant/signifié

« Ni dans ce que dit l’analysant, ni dans ce que dit l’analyste il n’y a autre chose que l’écriture »

leçon du 20/12/77 Lacan

Notre corps n’est-il pas porteur des traits, d’une écriture qui si nous savions les interpréter nous lirait.( lier) Marque sur le corps.

Histoire de Rémi.qui est en ULIS …….lui aussi aura à affronter de terribles épreuves avant de pouvoir peut être un jour mettre pied sur une terre d’accueil un Heim dont parle Freud. En attendant il se débat comme il peut avec une histoire de père dénié jusqu ‘à l’âge de 12 ans et mis en mots il y a quelques temps sous les signifiants « ordures déchets » induits «  Ton père je l’ai trouvé dans la rue tu ne crois pas que je me souviens de qui c’est ! »

Rémy tache sur les mains avec stylo de la mère en svt en cours sur les volcans. Il ne peut plus faire et cache ses mains dans ses poches.

Histoire de la banderole, prolongement du corps. Un corps de cortège avec sa tête et sa queue. Banderole comme un tatouage sur le corps.( Le Monde des livres 25 avril 2013)

MARINA

Revenons à Stephen ( S) qui est Joyce dans le roman. Il déchiffre sa propre énigme mais il ne va pas loin car il croit à tous ses symptômes. Le père de Joyce est un père carrant, toujours absent. Dans le livre Bloom cherche un fils. Stephen lui répond «  Non merci, trop peu pour moi. »

Ulysse est un témoignage de ce par quoi Joyce reste enraciné dans son père tout en le reniant : c’est ça son symptôme. «  J’ai dit qu’il était le symptôme » Lacan

 

Pour Lacan toute l’œuvre de Joyce est un long témoignage de cet enracinement du père tout en le reniant. Il fait référence à Exiles(1918). C’est l’unique œuvre théâtrale de Joyce. Le personnage est exilé de son propre pays comme l’était Joyce au moment d’écrire Exiles à Trieste. Lacan traduit « Les exils » : les différents exils du parlêtre ?

L’homme veut entraîner la femme à la trahison et il met en jeu une dialectique du doute qui accomplit un cycle en 4 temps  qui aboutit à « une blessure sans cause , ni origine, une blessure autonome qui ne peut se refermer »

Dans sa vie pour Joyce il n’y a qu’ « une seule femme » cad que Nora est alternativement la Vierge et la putain. Il  voudrait ne former qu’un seul être avec elle. L’Une femme c’est Nora.

« …qu’au regard de sa femme, il a les sentiments d’une mère…. » p 83

Exils exprime le non rapport sexuel, le fantasme de faire Un à deux.

Joyce : se faire livre aurait du se faire nœud.

 

Lacan revient à Ulysse et à l’énigme que propose Joyce sous les traits de Stephen (p 42 Ulysse folio)

Ulysse écrit entre 1914 et 1915, raconte un jour de la vie de L. Bloom le 16 juin 1904. Joyce rencontra sa femme cette journée là.

Lacan nous dit analysons Ulysse : mettons nous en position d’analyste et à cette énigme donnant ce fait  qu’elle est incompréhensible, et la réponse tout autant. L’analyse c’est la réponse à une énigme.

Réponse r tout à fait « conne » cad bête, déplacée, absurde. Et c’est pour cela qu’il faut garder la corde

L’analyste devra ainsi tenir la corde et apprendre à nouer d’un fil singulier les trous de cette singularité particulière. Nouages qui comme chez Joyce supposent une articulation  qui serve à retarder la rencontre fatidique avec les excès de la jouissance (Hétérité J. Adams ))

L’analyste celui qui peut soutenir la corde et devient ainsi « causeur de noeud. »

Il n’y a que des lettres dans l’ics, il n’y a que des cordes avec ses chaines et ses nœuds. La corde du noeud borroméen c’est l’écriture du réel, donc bien tenir la corde. Cela aboutit au nœud du non rapport sexuel.

« Le symptôme est le langage dont la parole doit être délivré » Les ecrits p 235 Lacan

 

Le sens résulte d’un champ entre Imaginaire et Symbolique. Faire une épissure pour obtenir un sens  qui se déplace : c’est l’objet de la réponse de l’analyste à l’exposé de l’analysant.

Quand nous faisons une épissure nous en faisons une autre entre symptôme et le Réel.

Qu’est ce qui opère dans l’analyse, c’est de suture et d’épissure qu’il s’agit dans l’analyse. C’est de structure et d’épissure qu’il s’agit. Qu’est ce qui opère dans la cure ?

Le statut de l’interprétation tient son efficacité à deux opérations : épissure et suture.

L’épissure consiste en un raccordement qui permet à une discontinuité de disparaître, de s’évanouir. C’est un raboutage. La suture (opération inverse de la coupure- métaphore est une coupure-) de 2 bords ou d’un bord sur lui-même- établit une nouvelle surface dont les propriétés dépendront de son articulation aux autres surfaces.

Cela permet le passage du 2 au 1 sans rupture.L’épissure comme mise en continuité.

La seconde qui procède de la première permet la fermeture, la clôture et installe donc une limite.et à un effet de surface avec la mise à plat du nœud.

La suture comme avènement d’une surface fermée.

Dans l’analyse il s’agit d’un raccordement d’une formation imaginaire avec le savoir inconscient. Cela produit un sens qui serait cette suture.

Qui produit une nouvelle épissure où symbolique vient toucher au réel : entrelacs entre symptôme et réel, réel parasite de la jouissance. Cela rend ainsi cette jouissance possible (par la suture) sous la forme  j’oui-sens cad ouïr un sens (ordinairement la compréhension d’un sens se met en travers d’un ouïr)

P83 « Trouver un sens implique de savoir quel est le nœud, et de le bien rabouter grâce à un artifice. » Sinthome Lacan

Ainsi le couple épissure suture contribue à résorber l’effet de sens dans un effet d’apprentissage ( un effet de faire, de savoir y faire) celui qui consiste à se faire une certaine jouissance.

 

L’analyse ne peut opérer qu’à partir de ce que se présentifie d’un réel par rapport au désir. ( Clinique du réel  Hiltenbrand leçon du 15 nov. 1995)

Le Réel se manifeste exclusivement sous la condition du désir cad que si vous vous abstenez, si vous inhibez votre désir vous êtes parfaitement tranquilles. Parce que ce réel alors à aucun moment ne risque de surgir.

Le Réel fait partie de la structure soit avec RSI soit avec le 4ème rond : l’impossible comme nécessaire ;

Lacan situe le réel en tant que c’est un heurt, un obstacle rencontré (Melman Ste Tulle le redit)

« Le réel n’est pas pour être su «  nous dit Lacan

Ca nous fait suer mais ce n’est pas pour être su, parce que c’est toujours de l’Autre que vient à se présenter le Réel pour un sujet. Et ce qui vient de l’Autre on ne sait pas. Et c’est dans cette perception de la réponse du manque qui est le sien ( réponse aperçue dans l’ Autre ) et où le sujet entrevoit sa propre perte, c’est là que se dessine la 1ère appréhension du Réel( ex ; du commandement de l’Autre)

 

La troisième : «  Le nœud il faut l’être…il n’en reste pas moins que de l’être, il faut que vous n’en fassiez que le semblant »

Le monde est imaginaire : fonction de représentation est dans le corps. Le réel n’est pas le monde. Aucun espoir d’atteindre le réel par la représentation.

« J’appelle symptôme ce qui vient du réel. »

Melman Travaux pratiques clinique psychanalytique p 57…………………..(à lire)

Le Réel dans la structure, c’est, pour reprendre une image de Lacan, la gueule d’un crocodile.

 

 

 

Mireille Lacanal-Carlier Juin 2012

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LE SINTHOME JACQUES LACAN

LECON IV  13 janvier 1976

Lacan dans cette leçon insiste sur le réel. C’est le fil qu’il nous donne à suivre.fil pour nous guider à travers le corps et l’écriture, le corps comme écriture, la lettre «  a letter, a litter » pour arriver à la question « Qu’est ce qui opère dans la cure ? »

 

7 décembre 1921 , 7 rue de l’Odéon, Jacques Lacan, il n’a que 20 ans assiste chez Adrienne Monnier à une lecture d’Ulysse par nul autre que James Joyce., Ainsi l’Irlandais ne quittera plus Lacan.

 

Lacan commence donc  la leçon en posant la question  « Qu’est ce que le savoir faire ? »

Il ébauche une réponse en disant que c’est l’art, l’artifice, ce qui donne à l’art dont on est capable une valeur remarquable « .Remarquable en quoi, puisqu’il n’y a pas d’Autre de l’Autre pour opérer le Jugement dernier » (fresque de Michel Ange peinte entre 1536 et 1541 alors qu’il avait une soixantaine d’année dans la chapelle Sixtine à Rome. Une des figures en bas à droite serait une représentation de lui-même qui enlève sa vieille peau) Pas de complétude à attendre.

Une limite est posée à la jouissance Quelque chose dont nous ne pouvons jouir.

Le sinthome comme nous le verrons sous-entend un savoir faire, un talent, quelque chose que le sujet a et propose.

 

Lacan prend appui dans ce séminaire sur le savoir faire de Joyce pour illustrer  ce point de rebroussement du symptôme au sinthome dans une création artistique.

Il nous propose comme paradigme le sinthome de Joyce.

« Joyce a orienté son art comme symptôme.

L’ics forme une consistance de nature langagière. Dans son œuvre c’est l‘embrouille des nœuds qui se trouvent faire le tissu, le texte essentiel de ce qu’il nous apporte ». Lacan 24 janvier 1976 Centre universitaire de Nice

Lacan fait l’hypothèse d’une suppléance au Nom du Père par un travail par rapport à l’art de la lettre qui s’appuie sur la vie et l’œuvre de Joyce.

 

Symptôme et sinthome

 

Philippe Julien dans Du symptôme au sinthome article cairn info nous informe que

le mot symptôme est né en 1495 dans la langue française en traduction du latin médical symptoma, pour signifier une co-incidence (cum incidere), c’est-à-dire ce qui « tombe ensemble » : telle maladie et tel signe pour le médecin.

Or le dico d’un certain  Bloch et von Wartburg nous dit que ce nom là s’écrivait « sinthome » qui vient du grec « suntithémi » qui veut dire  «  mettre ensemble. »

Equivocité homophonique

On voit donc là ce qui « tombe » du symptôme et ce qui se rassemble du sinthome.

 

Lacan a définit le symptôme de plusieurs façons : comme une métaphore, comme ce qui vient du réel, comme ce qui ne va pas et à la fin de son enseignement, comme un fait de structure dont la nécessité doit être interrogée.

A partir de 1953 Lacan fait valoir que le symptôme analytique est soutenu par une structure de langage, par des signifiants et par des lettres qui en sont les éléments matériels.

Le symptôme névrotique est l’équivalent d’une parole enclose à entendre et à déchiffrer. Lacan y voit à l’œuvre le mécanisme de la métaphore : la substitution du signifiant d’un trauma sexuel à un élément de la chaîne signifiante actuelle fixe le symptôme et produit son sens…..

Avec le nœud à quatre ronds, c’est la fonction du symptôme qui est précisé. La réalité psychique qui détermine avec Freud la formation du symptôme organisée par le complexe d’Œdipe ; cette réalité, Lacan l’a dit religieuse parce que fondée sur la croyance que le père est le castrateur, alors que ce sont les lois du langage qui imposent à renoncer à être ou à avoir le phallus. Le symptôme apparait comme ce qui maintient avec le Père un lien qui soutient l’identification et la jouissance sexuelle : le rond du symptôme dit aussi « rond du Nom du Père » permet de nouer RSI.

Pour Lacan le symptôme est la façon dont chacun jouit de son inconscient.

Dictionnaire international de la psy. Article de Valentin Nusinovici.

 

A partir de RSI (73-74) Lacan va donc montrer un nœud, un autre nœud, un nœud à quatre éléments. Le quart élément est compensatoire ; il a fonction de suppléance, dans la mesure où le nœud à trois ne tient pas de lui-même. Telle est la fonction du sinthome comme quart élément.

Le sinthome est réel c’est ce à quoi veut  arriver Lacan. Le sinthome comme réel et non comme « manifestations/formation » de l’Ics.

Le sinthome produit un tout autre abord du symptôme qui n’est plus forcément ce qui doit être réduit par l’interprétation. Lacan en vient à formuler le travail de l’analyse comme  produisant « un savoir y faire » avec son symptôme.

Et pour Lacan Joyce n’a pas un sinthome il est le sinthome. Il est ce quart élément de part son ego. Celui-ci à fonction  réparatrice grâce à l’art de Joyce. Cela lui permet de se faire un nom.

Il nous propose le sinthome de Joyce dans la mesure où il illustre par son écriture l’effet de l’usage du sens au point limite du hors sens, le sinthome donc inanalysable. Joyce est pour lui celui qui « sait y faire » avec son symptôme.

 

« l’ics c’est la face du réel…c’est la face du réel dont on est empêtré.

L’analyse ne consiste pas à ce qu’on soit libéré de ses sinthomes, l’analyse consiste à ce  qu’on sache pourquoi on est empêtré. » Le moment de conclure 10/01/78 Lacan

« Cela se produit du fait qu’il y a le symbolique. Le symbolique c’est le langage : on apprend à parler, ça laisse des traces,, ça laisse des traces et de ce fait ça laisse des conséquences qui ne sont rien que le « sinthome » et l’analyse consiste à rendre compte pourquoi on a ces « sinthomes » de sorte que l’analyse est lié au savoir »

Un savoir qui ne s’acquiert qu’à travers la perplexité.

Et Joyce l’illustre dans sa littérature par son opération de hachage de la langue, de brisure, de dislocation, de déchirure. Il dégage ainsi la langue de tout usage de communication et même de tout effet de littérature. Joyce arrive à être illisible.

Il laisse une œuvre qui pose mille énigmes pouvant entretenir les universitaires  pour de longues années. C’était d’ailleurs son souhait.

L e symptôme serait la non acceptation de la castration symbolique du père, alors que le sinthome serait de l’ordre d’une création de la part du sujet, comme dans Joyce, qui avec son art vidait de sens ce qui s’imposait à lui comme symptôme ( Hiltenbrand La clinique du réel)

 

Les vérités premières : le ronron des vérités premières : dieu et le jugement dernier. Les vérités premières qui sont une connaissance trompeuse.

Peut-on sortir du ronron des habitudes qui nous endorment ?

Ce ronron serait celui des religions qui induisent une manière de penser. Ce serait le ronron d’un Dieu créateur, du rapport du créateur à sa créature. Dans la perspective chrétienne nous parlons d’un dieu –père. C’est de cette religion dont Freud en la traitant d’illusion essayer de nous débarrasser.

L’idée de Dieu voir la croyance soutient la fonction et le sens du symptôme névrotique.

La psychanalyse peut-elle nous sortir de ce ronron ?

« Le ronron c’est la jouissance du chat »  ( La troisième Lacan 31/10/74)) Pour ne pas ronronner servons-nous des ronds de ficelle, de la topologie.

 

Le Nom du père est la forme laïque de cette présence dans la doctrine psy, de nos attaches à ce fond religieux.

Lacan va alors chercher à élaborer un nœud pour support des vérités premières. Le nœud ce qui supporte notre consistance .Et il pointe ici la différence entre une chaîne et un nœud ( le nœud se déduit de la chaîne).La chaîne est  au-delà  de 2.(Marie PierreBossy nous faisait remarquer que pourtant nous disons noeud.) D’ailleurs Lacan  p83, fin de la leçon  pose la question s’il n’y a pas abus à dire :

« faire un nœud avec ce que j’appellerai une chaî-neoud »

 

Il revient sur les vérités premières et nous amène à ce qu’on appelle la pensée. La pensée est liée à l’acte sexuel, elle gravite autour de cet acte. Cet acte qui de par sa nature implique une polarité actif-passif ce qui déjà engage dans un faux-sens. C’est ce qu’on appelle la connaissance

Mais la connaissance est trompeuse car l’actif c’est ce que nous connaissons mais comme nous faisons un effort pour connaître nous nous imaginons que nous sommes actif.. La pensée nous imaginons qu’elle est active . La connaissance participe du fantasme d’une inscription au lien sexuel.

En effet le sexuel ne fonde en rien quelque rapport qu’il soit. Il n’y a de rapport sexuel que sinthomatique

Le phallus n’appartient à aucun sexe, c’est ce qui circule entre, ce qui fait coupure. On ne peut saisir ce qui fait rapport, il n’y adonc pas de rapport. La fonction phallique c’est l’entre deux, le vide qui fait distinguer les choses.

« C’est en ça que consiste la pensée, que des mots introduisent dans le corps quelques représentations imbéciles » Lacan La troisième

Le sens se loge dans l’imaginaire. La pensée introduit des mots qui nous « rengorge », qui nous dégorge, que nous vomissons, ce qui va nous donner à vomir une vérité de plus.

« Vous vous imaginez que la pensée c’est ça,… se tient dans la cervelle…Moi je suis sûr …que ça se tient dans les peauciers du front….Enfin, si vous pouvez penser avec les peauciers du front, vous pouvez aussi penser avec les pieds » La troisième

Les pieds qui eux permettent de se mettre en marche. Ils permettent de faire un pas de côté.

 

Ainsi si la connaissance est trompeuse il nous faut repartir du début, de l’opacité sexuelle. Opacité car du sexuel ne fonde en rien quelque rapport que se soit. Et de nous rappeler qu’il n’y a de responsabilité dans le sens de réponse à côté que sexuelle. On est responsable que de notre position sexuelle .p 70 « On impute à Dieu ce qui est affaire de l’artiste » L’Autre de l’Autre c’est-à-dire impossible ce serait cela l’artifice ?

L’artiste est responsable au sens où c’est sa réponse c’est-à-dire son symptôme par rapport au fait qu’il n’y a pas de rapport sexuel.  Comment l’homme peut-il  être créateur si dieu l’est ? J. RUFF institut du champ freudien

« L’homme et non pas Dieu est un composé trinitaire » Lacan séminaire XXIII

 

Il revient sur la notion de Réel, distincte du symbolique et de l’imaginaire. Un Réel qui ne se fonde, n’existe qu’à en exclure le sens.

Le réel se fonde n’existe qu’à en exclure le sens.

 

Et il prend la consistance comme la forme la plus dépourvue de sens et qui pourtant s’imagine. Il n’y a de consistance que du nouage de RSI ( nœud c’est lier, relier, lire : c’est ce qui fait consistance).

La consistance c’est ce qui tient ensemble et c’est symbolisé par la surface ce qui nous donne l’idée du sac. Et de prendre l’exemple du corps qui se présente comme peau retenant dans son sac un tas d’organe et c’est comme ça que nous le sentons. Le corps comme amas de pièces détachées. C’est cette consistance qui nous montre la corde. Une corde comme résidu de la consistance et  qui exclut le nœud. Ainsi dans une corde le nœud est tout ce qui ex-iste à l’élément corde.

« Un nœud donc ça peut se faire » p 72 Le sinthome

 

Qu’est ce qu’un fait ? Il n’y a de fait que d’artifice car il n’y a de fait que du fait que le parlêtre le dise.

Il nous amène sur la voie de l’imagination. Le parlêtre parce qu’il parle ment et par là instaure dans la reconnaissance de faux faits. Et de revenir sur le corps qui est la seule consistance du sujet parlant et qui entretient avec son corps un rapport  d’adoration, un rapport imaginaire ( Je le pense donc j’essuie p72) imaginaire. Pour Lacan « Je suis où je ne pense pas » cad « Je suis où je n’articule pas, où je ne produis pas de sens ». Quand je pense, quand j’articule du sens je ne suis pas.

C’est le sexuel dit il qui ment la dedans à trop s’en raconter.

Mais finalement le seul concret que nous connaissons c’est toujours l’adoration sexuelle qui conduit à la méprise autrement dit au mépris même quand il adore un autre corps c’est le même mépris –véritable puisqu’il s’agit de vérité. (qui  elle ne peut être que mi-dite)

 

Alors qu’est ce que la vérité, qu’est ce que dire le vrai sur le vrai ? : suivre à la trace le réel qui ne consiste et qui n’existe que dans le nœud.

Mais ne nous hâtons pas et faisons comme si nous avions trouvé (« Je ne cherche pas je trouve » Picasso) Et pour cela Lacan repart de l’hystérie et sur la réalité de ce qu’il en est du rapport sexuel.

La tache de l’hystérique est de faire exister l’homme en l’incarnant, car il n’est pas question de laisser cette place vide. La douleur mal située de l’hystérique cherche dans son corps un lieu d’inscription.

Il y a toujours un problème majeur qui est celui de l’hystérique et de son corps, car ce corps lui

ek-siste parce que c’est le lieu de l’Autre

. « Ce lien de son corps est effectivement un lien étrange puisqu’il fonctionne comme un dépotoir, dépotoir de cet objet immonde qui est l’objet a, cause du désir de son partenaire » Melman  Problèmes posés à la psychanalyse

En tant qu’elle est – l’hystérique- la dernière réalité perceptible (husteron voulant dire « dernier » en  grec) pour nous rappeler que Freud n’a pu poser la question qui le taraudait «  Que veut la femme ?

(avec le sinthome il ne s’agira plus de résoudre l’énigme de la jouissance)

W w d W        Was will das Weib ,

Pour Lacan l’erreur de Freud c’est d’avoir pensé das weib au lieu de ein weib (une femme)

WweW

On ne peut pas parler de « La femme » qui n’ek-siste pas, une femme, pas toute.

« Toutes les femmes est un ensemble vide mais en revanche les femmes font série, une par une  Et si ça ek siste c’est donc du réel. Mais c’en est la consistance donc imaginaire du Réel. (Marie Charlotte Cadeau commentaire de RSI leçon du 21/01/1975)

L’énigme pour l’Homme c’est que la jouissance féminine n’est pas toute réglée par la loi de la castration. La jouissance féminine est hors langage, au-delà du phallus.

Cet excès de jouissance que la loi de la castration échoue à régler un symptôme peut l’appareiller et donner naissance à un art. Lacan écrit alors ce symptôme sinthome c’est-à-dire coupé du pêché.

«  sinthome » « sin » pêché.  «  Lacan fait le lien avec le pêché originel, la 1ère faute, de la doctrine chrétienne. Dans l’œuvre de Joyce le pêché en question c’est celui du père. Son père carent à suivi la même chute qu’Adam et Eve, et le sinthome de Joyce, sans la ptoma, sans la chute compense l’erreur de son père (Matinées lacaniennes Tom  Dezell)

 

Le sens en question révèle une énigme. En grec la parole est le radical d’énigme « ainos » « ainigma », en français parole et énigme n’ont aucune parenté. Enigme et réponse aussi énigmatique l’une que l’autre : registre de l’équivoque interprétative.

L’énigme c’est autre chose qu’une simple question. Chez les grecs c’est le Dieu qui prononce l’énigme par la voie de la Phytie : parole obscure qui défie l’entendement.

Ainigma l’énigme vient donc de ainos, parole prophétique. La puissance de l’énigme tient à ceci elle est une parole qui fait signe vers ce qui dépasse toute parole, fait vaciller la frontière du symbolique et du sens. Et au-delà  c’est le réel.

Le névrosé cherche à résoudre l’énigme des symptômes.

Joyce qu’en à lui croit à son sinthome et n’a pas intérêt à leur résolution. Il ne veut pas accepter la dette, l’héritage paternel.

Et Lacan présente cela comme une énigme : E énonciation e énoncé.

L’énigme c’est une énonciation tel qu’on en a pas trouve l’énoncé. L’énoncé se trouve dans la langue dans laquelle l’enfant a reçu ses premiers soins, celle de sa prime enfance, sa lalangue, la langue dans laquelle s’est constitué son symptôme ; ce qui fait retour en tant que lettre en est l’énonciation.

La lettre c’est le signifiant en tant que détaché de sa valeur de signification, détaché du signifié. Ce qui revient comme lettre n’est pas à lire puisque telle qu’elle elle ne nous dit rien du signifiant refoulé.

Lacan avec le travail sur la lettre nous indique que le travail de l’analyse consiste à réduire ce qui fait sens pour le patient, à réduire la lettre à un déchet. Il reprendra l’équivoque de Joyce sur «  a letter, a litter » «  une lettre, une ordure »

Avec ce glissement représentant la transformation de la lettre en déchet, Lacan montre l’usage que l’on peut faire pour aborder et réduire le symptôme dans l’analyse.

( Patricia Dahan La lettre entre savoir et jouissance)

La lettre contient une dimension de réel, elle n’est pas du côté du sens, elle est du côté du hors sens

L’énigme c’est l’art d’entre les lignes (allusion à la corde). et cela à un rapport avec l’écriture. C’est par des petits bouts d’écriture qu’on est entré dans le Réel, qu’on a cessé d’imaginer. L’écriture des petites lettres, des petites lettres mathématiques, c’est qui supporte le réel.p 75

Lacan  nous propose que l’écriture ça devait avoir un lien avec la façon dont nous écrivons le nœud et il fait référence à l’instance de la lettre. En dessinant un S avec une barre pour écrire un noeud. Cela nous rappelle aussi un corps.

La lettre est le support matériel que le discours concret emprunte au langage S/s  signifiant/signifié

« Ni dans ce que dit l’analysant, ni dans ce que dit l’analyste il n’y a autre chose que l’écriture »

leçon du 20/12/77 Lacan

Notre corps n’est-il pas porteur des traits, d’une écriture qui si nous savions les interpréter nous lirait.( lier) Marque sur le corps.

Histoire de Rémi.qui est en ULIS …….lui aussi aura à affronter de terribles épreuves avant de pouvoir peut être un jour mettre pied sur une terre d’accueil un Heim dont parle Freud. En attendant il se débat comme il peut avec une histoire de père dénié jusqu ‘à l’âge de 12 ans et mis en mots il y a quelques temps sous les signifiants « ordures déchets » induits «  Ton père je l’ai trouvé dans la rue tu ne crois pas que je me souviens de qui c’est ! »

Rémy tache sur les mains avec stylo de la mère en svt en cours sur les volcans. Il ne peut plus faire et cache ses mains dans ses poches.

Histoire de la banderole, prolongement du corps. Un corps de cortège avec sa tête et sa queue. Banderole comme un tatouage sur le corps.( Le Monde des livres 25 avril 2013)

MARINA

Revenons à Stephen ( S) qui est Joyce dans le roman. Il déchiffre sa propre énigme mais il ne va pas loin car il croit à tous ses symptômes. Le père de Joyce est un père carrant, toujours absent. Dans le livre Bloom cherche un fils. Stephen lui répond «  Non merci, trop peu pour moi. »

Ulysse est un témoignage de ce par quoi Joyce reste enraciné dans son père tout en le reniant : c’est ça son symptôme. «  J’ai dit qu’il était le symptôme » Lacan

 

Pour Lacan toute l’œuvre de Joyce est un long témoignage de cet enracinement du père tout en le reniant. Il fait référence à Exiles(1918). C’est l’unique œuvre théâtrale de Joyce. Le personnage est exilé de son propre pays comme l’était Joyce au moment d’écrire Exiles à Trieste. Lacan traduit « Les exils » : les différents exils du parlêtre ?

L’homme veut entraîner la femme à la trahison et il met en jeu une dialectique du doute qui accomplit un cycle en 4 temps  qui aboutit à « une blessure sans cause , ni origine, une blessure autonome qui ne peut se refermer »

Dans sa vie pour Joyce il n’y a qu’ « une seule femme » cad que Nora est alternativement la Vierge et la putain. Il  voudrait ne former qu’un seul être avec elle. L’Une femme c’est Nora.

« …qu’au regard de sa femme, il a les sentiments d’une mère…. » p 83

Exils exprime le non rapport sexuel, le fantasme de faire Un à deux.

Joyce : se faire livre aurait du se faire nœud.

 

Lacan revient à Ulysse et à l’énigme que propose Joyce sous les traits de Stephen (p 42 Ulysse folio)

Ulysse écrit entre 1914 et 1915, raconte un jour de la vie de L. Bloom le 16 juin 1904. Joyce rencontra sa femme cette journée là.

Lacan nous dit analysons Ulysse : mettons nous en position d’analyste et à cette énigme donnant ce fait  qu’elle est incompréhensible, et la réponse tout autant. L’analyse c’est la réponse à une énigme.

Réponse r tout à fait « conne » cad bête, déplacée, absurde. Et c’est pour cela qu’il faut garder la corde

L’analyste devra ainsi tenir la corde et apprendre à nouer d’un fil singulier les trous de cette singularité particulière. Nouages qui comme chez Joyce supposent une articulation  qui serve à retarder la rencontre fatidique avec les excès de la jouissance (Hétérité J. Adams ))

L’analyste celui qui peut soutenir la corde et devient ainsi « causeur de noeud. »

Il n’y a que des lettres dans l’ics, il n’y a que des cordes avec ses chaines et ses nœuds. La corde du noeud borroméen c’est l’écriture du réel, donc bien tenir la corde. Cela aboutit au nœud du non rapport sexuel.

« Le symptôme est le langage dont la parole doit être délivré » Les ecrits p 235 Lacan

 

Le sens résulte d’un champ entre Imaginaire et Symbolique. Faire une épissure pour obtenir un sens  qui se déplace : c’est l’objet de la réponse de l’analyste à l’exposé de l’analysant.

Quand nous faisons une épissure nous en faisons une autre entre symptôme et le Réel.

Qu’est ce qui opère dans l’analyse, c’est de suture et d’épissure qu’il s’agit dans l’analyse. C’est de structure et d’épissure qu’il s’agit. Qu’est ce qui opère dans la cure ?

Le statut de l’interprétation tient son efficacité à deux opérations : épissure et suture.

L’épissure consiste en un raccordement qui permet à une discontinuité de disparaître, de s’évanouir. C’est un raboutage. La suture (opération inverse de la coupure- métaphore est une coupure-) de 2 bords ou d’un bord sur lui-même- établit une nouvelle surface dont les propriétés dépendront de son articulation aux autres surfaces.

Cela permet le passage du 2 au 1 sans rupture.L’épissure comme mise en continuité.

La seconde qui procède de la première permet la fermeture, la clôture et installe donc une limite.et à un effet de surface avec la mise à plat du nœud.

La suture comme avènement d’une surface fermée.

Dans l’analyse il s’agit d’un raccordement d’une formation imaginaire avec le savoir inconscient. Cela produit un sens qui serait cette suture.

Qui produit une nouvelle épissure où symbolique vient toucher au réel : entrelacs entre symptôme et réel, réel parasite de la jouissance. Cela rend ainsi cette jouissance possible (par la suture) sous la forme  j’oui-sens cad ouïr un sens (ordinairement la compréhension d’un sens se met en travers d’un ouïr)

P83 « Trouver un sens implique de savoir quel est le nœud, et de le bien rabouter grâce à un artifice. » Sinthome Lacan

Ainsi le couple épissure suture contribue à résorber l’effet de sens dans un effet d’apprentissage ( un effet de faire, de savoir y faire) celui qui consiste à se faire une certaine jouissance.

 

L’analyse ne peut opérer qu’à partir de ce que se présentifie d’un réel par rapport au désir. ( Clinique du réel  Hiltenbrand leçon du 15 nov. 1995)

Le Réel se manifeste exclusivement sous la condition du désir cad que si vous vous abstenez, si vous inhibez votre désir vous êtes parfaitement tranquilles. Parce que ce réel alors à aucun moment ne risque de surgir.

Le Réel fait partie de la structure soit avec RSI soit avec le 4ème rond : l’impossible comme nécessaire ;

Lacan situe le réel en tant que c’est un heurt, un obstacle rencontré (Melman Ste Tulle le redit)

« Le réel n’est pas pour être su «  nous dit Lacan

Ca nous fait suer mais ce n’est pas pour être su, parce que c’est toujours de l’Autre que vient à se présenter le Réel pour un sujet. Et ce qui vient de l’Autre on ne sait pas. Et c’est dans cette perception de la réponse du manque qui est le sien ( réponse aperçue dans l’ Autre ) et où le sujet entrevoit sa propre perte, c’est là que se dessine la 1ère appréhension du Réel( ex ; du commandement de l’Autre)

 

La troisième : «  Le nœud il faut l’être…il n’en reste pas moins que de l’être, il faut que vous n’en fassiez que le semblant »

Le monde est imaginaire : fonction de représentation est dans le corps. Le réel n’est pas le monde. Aucun espoir d’atteindre le réel par la représentation.

« J’appelle symptôme ce qui vient du réel. »

Melman Travaux pratiques clinique psychanalytique p 57…………………..(à lire)

Le Réel dans la structure, c’est, pour reprendre une image de Lacan, la gueule d’un crocodile.

 

 

 

Mireille Lacanal-Carlier Juin 2012